Jésus prit avec lui Pierre, Jacques et Jean son frère, et il les conduisit à part sur une haute montagne.
Il n’y a qu’un inconvénient à parler du Paradis: il tient au langage humain de celui qui parle, et à la compréhension humaine de celui qui écoute. Le langage humain est capable de tout : il peut donner une idée de toutes choses: de la mort, de l’enfer, etc., etc. Dans le cas présent, l’éloquence la plus haute, la parole la plus vivante échouent dans leur tentative d’exprimer le Paradis. La raison en est que l’homme parle en utilisant des images : mais nulle image du Paradis ne peut demeurer dans notre esprit, car le Paradis est supérieur à notre esprit.
En évoquant les plus grandes joies, et en décrivant les bonheurs les plus intenses, avec le maximum d’emphase, dans le but de multiplier les impressions dans l’esprit de notre interlocuteur, on croit avoir réussi à s’être fait une haute conception du Paradis. Toutefois, on peut conclure que nous nous sommes faits une idée, non pas du Paradis lui-même, mais de l’ombre du Paradis.
Pierre en vit un éclair lors de la Transfiguration: Et il fut transfiguré devant eux : son visage devint brillant comme le soleil et ses vêtements blancs comme la lumière. Alors, il dit : Seigneur, il est heureux que nous soyons ici ! Si tu le veux, je vais dresser trois tentes, une pour toi, une pour Moïse et une pour Elie. Il apparut ainsi à Jean dans l’Apocalypse: Et je vis la cité sainte, la nouvelle Jérusalem, qui descendait du ciel d’auprès de Dieu, parée comme une épouse, vêtue pour son époux.
Et Saint Paul s’exprime ainsi: Ce que l’œil n’a jamais vu, ni l’oreille entendu, ce qui n’est jamais entré dans le cœur de l’homme, voici ce que Dieu a préparé pour tous ceux qui l’aiment.
Vol. 26 chap. 69 col. 5664